L’espace public se fragmente. Les conversations se durcissent, les positions se cristallisent, les camps se dessinent avec toujours moins de nuances. Pourtant, si nous souhaitons avancer vers une transition socioécologique juste, durable et inclusive, nous devons nous rappeler que le changement durable naît de relations saines, pas de rapports de force.
Au CIBLES, nous croyons profondément que reconnecter à soi, aux autres et au monde constitue un des leviers les plus puissants pour naviguer à travers cette période de turbulences.
C’est un réflexe humain : lorsqu’un sujet nous tient à cœur, nous voulons convaincre. Mais entrer en relation pour convaincre, c’est entrer en relation avec l’idée — consciente ou non — que ma position est préférable à la tienne. On part alors du haut d’un petit promontoire moral ou intellectuel, même si ce n’est pas voulu.
Et l’autre le sent.
Il se protège.
Nous nous protégeons toustes.
Rapidement, la différence devient perçue comme une menace à notre identité, à nos choix, à notre manière de vivre. Alors nous nous enveloppons dans nos certitudes, un peu comme on met un manteau trop lourd : pour cacher notre vulnérabilité. Et l’écart se creuse.
Durant les formations Agent.e.s de changement que nous avons offertes il y a quelques années en collaboration avec l’organisme Éduconnexion, nous explorions une méthode toute simple pour aborder des sujets conflictuels: la méthode MIEL.
Le miel, ça coule. Ça ne force rien. Ça invite.
Rétablir l’appartenance. Raccourcir la distance.
« Moi aussi, ça m’inquiétait. »
« Moi aussi, je me suis posé ces questions-là. »
On part d’une préoccupation commune, d’un terrain qui dit : nous sommes du même monde.
Valider le sentiment de l’autre, c’est lui redonner un espace de légitimité.
Avant de dire : « Tiens, si tu veux, on peut en parler… »
L’autre verra vos contradictions.
Alors pourquoi les cacher?
« Je sais qu’il y a d’autres causes importantes… mais j’ai commencé par ce qui était accessible pour moi. »
Exprimer ses propres limites, c’est éviter la posture “tout ou rien” pour montrer que l’action est possible et accessible.
Le changement est un chemin, pas une conversion.
Étape :
« C’est une étape pour moi, ça m’aide à comprendre, puis à avancer. »
Espoir :
« Et j’ai réalisé tout l’impact que ça peut avoir. Nous sommes déjà nombreux. »
Étreinte :
Accueillir l’argument de l’autre avec douceur.
Valoriser ce qu’il ou elle fait déjà, même si c’est modeste.
Ce geste-là ouvre plus de portes que n’importe quel discours parfait.
Un pas à la fois.
On peut sortir de la discussion en douceur, revenir sur un intérêt commun, un souvenir, un rire.
On montre du respect. L’autre aura peut-être envie d’en montrer aussi. Et, qui sait, de poursuivre l’échange plus tard.
Plutôt que de chercher à défendre une cohérence parfaite, peut-être pouvons-nous nous demander comment créer davantage d’occasions de contact, d’écoute et de curiosité réciproque. Comment accueillir nos divergences sans rompre le fil? Comment ouvrir la porte à ces micro-ponts qui, même fragiles, permettent au groupe de rester en mouvement?
Des approches comme la communication non violente (ou la technique MIEL) nous rappellent que derrière chaque position, il y a un besoin — et c’est dans cet espace-là que de nouveaux possibles émergent.
Envie d’aborder les enjeux d’égalité ou de justice climatique durant vos prochains soupers de familles?
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